L’islamisme : un fascisme contemporain (http://www.resistancesociale.fr)

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L’islam politique, plus communément désigné par islamisme, est une conception d’essence religieuse de la cité et de sa gestion. Elle porte une vision totalitaire du passé, du présent et du futur de toute société humaine. Elle postule la divinité de la source du droit et ne concède à la communauté des musulmans (La Oumma) que l’interprétation et l’adaptation d’un corpus fixé, une bonne fois pour toute par la révélation (le Coran), la prophétie (la Sunna) et la tradition des compagnons du prophète. Elle proclame que la souveraineté est le propre exclusif de Dieu, et n’investit la Oumma que de l’exercice d’une gouvernance soumise au dogme. Elle aménage un statut de “protégés” (dans leurs biens et leurs personnes) aux “aux gens du livre” (Chrétiens et Juifs) ; mais, contre paiement d’impôts spécifiques et leur exclusion du devoir du port des armes. Les Païens, Animistes et Athées sont pour leur part une composante inenvisageable de la cité. Enfin, cette conception construit une perception duale du monde qu’elle divise en un espace de paix (Dar Essilm/Dar El Islam) et en un espace de conflictualité, d’altérité, ou de guerre (Dar El Harb) voué à être islamisé avant la “fin des temps”.

L’islamisme s’appuie sur les interprétations les plus rigoristes du dogme musulman. Lesquelles interprétations ont été, sur les 14 siècle d’Islam, en concurrence avec d’autres lectures plus rationnelles, qui mériteraient le qualificatif de lumières, et qui ont été, tour à tour, disqualifiées. C’est aussi ce sort qui est réservé à tout passé antéislamique et toute perspective humaniste, démocratique et progressiste. L’islamisme est donc un projet politique qui fonde, ou refonde, une société nouvelle “purifiée” de la “mécréance” ou de la “déviance”.

L’islamisme est un mouvement politique contemporain. Dans sa composante historique principale, que sont les Frères-musulmans, il nait en rejet de l’abolition du Califat (Ottoman) proclamé par Mustapha Ata Turc en 1923. Il se pose dès sa naissance comme une négation radicale des mouvements nationaux qui, eux, ambitionnent des libérations nationales qui s’approprient la philosophie des lumières née en Europe et aux Amériques. Ces Nations en devenir, préfigurées par les tracées coloniaux, sont dénoncées comme une acceptation du dépeçage de “Dar el Islam” et une trahison de la “Oumma”.

Un instrument contre le progrès

Depuis son avènement l’islamisme s’est assumé dans deux configurations principales. Soit comme une force d’appui aux pouvoirs autocratiques et conservateurs dans les sociétés dominées par les structures tribales. Soit comme une opposition réactionnaire aux pouvoirs bureaucratiques qui, dans le contexte de la guerre froide, se sont accaparés des mouvements de libérations nationales. Ce potentiel réactionnaire, conservateur, fasciste même de l’islamisme n’a pas échappé aux puissances impérialistes qui, dès le début, ont travaillé à son instrumentalisation au service de leurs dominations.

C’est à la lumière de tout ce qui précède qu’il devient possible de lire, loin de toutes illusions et avec une certaine cohérence, les évènements qui se succèdent depuis 1979. De la liquidation de la gauche et des libéraux Iraniens, à l’avènement de l’arme de destruction massive Daech. De l’encadrement des Talibans par la CIA, les guerres civiles au Soudan, en Algérie, en Egypte, aux récents attentats en Europe. L’Islamisme se dévoile comme un redoutable ennemi de la modernité et un terrible vecteur d’obscurantisme et de régression. Une idéologie communautariste d’essence religieuse, misogyne, homophobe, liberticide, obscurantiste qui en toutes situations sert en dernier ressort les desseins et les intérêts des forces mondiales les plus belliqueuses et les plus anti sociales. Un fascisme qui tarde à être clairement identifié.

La bataille de France

Clairement l’islamisme est engagé dans la mère des batailles à ses yeux : la bataille de France. Celle qui lui permettrait de défaire la Laïcité : son antinomie absolue, le modèle universel de pacification et de désaliénation de l’espace public. Son ambition est de parvenir à fracturer la société qui s’est le plus radicalement libéré des emprises cléricales. S’il y parvient, il replongerait le monde dans un temps où les confessions faisaient les espaces. Curieusement nous retrouvons là une déclinaison de la théorie du “choc des civilisations“. Dans cette entreprise, où il joue le rôle de bélier de tous les cléricalismes, il se croit fort de sa pénétration des banlieues. Des espaces dont la configuration actuelle, héritée des trente glorieuses, se prête à l’apparition de replis identitaires qui sans efforts excessifs peuvent tomber sous influence islamiste. Trop de facteurs favorisent ce calcul. Ghettoïsation de plus en plus accentuée par un désengagement grandissant de l’Etat. Persistance au sein de la République de manifestations de la mentalité coloniale héritée de l’ambition impériale et qui bat en brèche le caractère universel de la citoyenneté. Les brèches où l’islamisme peut s’engouffrer sont bien réelles. Il ne sert à rien de les ignorer. Bien au contraire, il est impératif de les identifier et d’y apporter les réponses les plus ambitieuses et qui tendent à l’émancipation de tous.

 

Texte publié dans Journal Résistance Sociale n° 171

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